Le L'Ubu de Jarry et le L'Ubu qui pourrit (ou entre littérature et réalité)

L'Ubu roi c'est une pièce importante, décisive pour les bases du mouvement surréaliste.
Lorsque Jarry écrit L'Ubu il y a 115 ans, il ne se doutait évidemment pas que des dizaines de lieux culturels en France ou des cafés allaient prendre le nom de son contre-héros, le père Ubu, caricature génialement décrite et pondue par le père Jarry. Il y met de son foin pour laisser à la société des indications précises sur le lâche, le tordu, l'escroc et le salaud bête et méchant.
Le père L'ubu a plusieurs visages comme nous ici bas.
Même de plus en plus, c'est en ça aussi que Jarry était visionnaire. Les musiciens underground français et internationaux cherchent toujours des plans sur la route quand ils organisent une tournée. Il arrive aussi que des musiciens qui ont grandi quittent leur ville, coupent des cordons, abandonnent l'intermittence, font d'autres choses, s'essaient dans diverses expressions, travaillent l’extérieur, tentent des expériences réelles ou errantes pour puiser le peu de fond de ce qui est censé revitaliser l'âme si âme il y a.
Mais voilà que des musiciens qui reviennent jouer dans leur ville natale après des années de vagabondages, de paris, de routes, de pays, ce L'Ubu en question n'oublient pas qu'il restent des culs blancs connus alors ados, qu'ils sont gentils ou "cool", anciens petits anars (alors qu'il ne savaient pas encore ce qu'étaient la vie et donc encore moins l'anarchie) et locaux.
Quel sale terme. Utilisé sous toutes ses formes pour dévitaliser la substance même de tentatives, d'essais ou de celle de s'imaginer dans d'autres vies, d'inventer la sienne.
Non. Perpignan a de ça, à mon grand damne. Et son L'ubu préfère se garder le chapeau qu'il fait tourner sur sa terrasse remplie de gens joyeux et bourrés, le groupe est bon, tellement bon que le père L'Ubu me dit: "Putain c'est la meilleure soirée depuis le début de l'année Fabien, franchement merci.
Je me dis bon super tout le monde pourra avoir un ptit bifton.
Dommage pour lui, j'ai appris ce mois ci le fin mot de l'histoire en rencontrant la fille qui a fait tourner ce chapeau en question:
""C'est lui qui me dit à chaque fois de le faire, parcque je suis une fille il pense que ça marche mieux"" qu'elle me dit.
Et ce petit vicieux voit clair car cette soirée du 16 juillet à Perpignan était chaude, la place Rigaud transpirait et les gens étaient venus nombreux et consommaient comme des truies, par pur hasard surement. Juste cette soirée. Mon cul sur des bretelles. Dans le chapeau se trouvait entre 250 et 300 euros.
je l'ai vu derrière le bar, les liasses sortaient du rebord, arrogantes, torchés par des poches et des doigts. Elles avaient l'air de me dire tu vois connard, si tu étais un peu plus malin, on serait dans vos mains et vous nous dépenseriez le soir même ou le lendemain dans diverses choses, illégales ou légumières.
Les sales putains de liasses me narguaient tandis que le père L'Ubu me dit:""- Ecoutes Fabien je te donne 100 euros comme c'est prévu pour le défraiement (on est 4 dans Décapotable sur la Corniche).
-Ah .. euh.. ok.. MAis ce chapeau là derrière, c'est pour qui? C'est quoi?
-Et ben tu comprends (avec un faux accent du sud) je récupères avec le chapeau le défraiement que je laisse. (traduire: déjà ça m'emmerde de donner un défraiement donc je vole le public, qui lui, bien naïvement donne toujours pour les musiciens, ce gros beauf de public)
Père Ubu me voit agacé, je reste sur le bar. Il y a beaucoup de monde, lui reste de l'autre coté du comptoir, peureux, se sentant pris au fait, gardien des 300 balles qu'on verra pas.
- Écoutes Fabien tu veux que je te montre mes factures?
Dés que cette phrase est sortie de sa bouche pincée, petite comme le premier trou qu'on peut faire avec une pioche sur une terre de juillet, au milieu de la cacophonie et des musiciens pressés de se barrer qui me disent "" allez, c'est bon laisse tomber.
J'ai laissé tomber parce que ce mec je le connais depuis que j'ai 14 ou 15 ans. Pour moi à cette époque c'était un des disquaire de l'époque. Il y en avait plusieurs sur Perpignan avant que la Fnac vienne fourrer son cul là bas, tellement loin de Paris. Pour moi c'était un mec passionné de zik, des gens et des personnages de la ville avec quelques idées dans la tête, et en même temps c'est quand même le seul qui a résisté à la multinationale, et c'est par sa ruse qu'il y est arrivé. En redevenant le mec de L'ubu, ancien club de jazz cosmopolite et ouvert mais mafieux que la mairie a fermé, il est parvenu, malgré lui, à devenir l'incarnation du personnage de Jarry, oui parce que gérer un café concert dit rock n roll, c'est côtoyer en direct des types qui sont sur la route, de la chair fraiche qui vit des trucs forts ou merdiques. C'est pas le même rapport qu'on peut avoir avec des disques. Et de fil en aiguille, sa vraie nature se dévoile, il est devenu le Père Ubu. Pas vive le roi, mort à ce lieu qui vole et méprise le milieu underground en lui volant les quelques miettes de son travail passionnant.
Olé

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